Cela faisait déjà 2 ans que Paul était en couple avec Julie. Leur histoire d’amour était comme une continuité (nous le verrons plus tard) et en cela elle était belle. Ils s’étaient rencontrés par hasard sur internet, tout bêtement sur un réseau social. Paul avait vu passer une photo de profil en noir, blanc et rouge dans la liste des suggestions d’amis potentiels proposée par l’algorithme du réseau. Ça n’avait rien de bien extraordinaire comme moyen de rencontre, c’était même un peu cliché.

Sur ce réseau social les gens étaient futiles et comme avec leur chariot de supermarché, ils étaient poussés par des moyens subtils à s’admirer le nombril et montrer leur présumé pouvoir. Les femmes par exemple mettaient des photos de profil tout à fait sexy pour pousser les hommes à les ajouter en ami et dès qu’ils voulaient discuter, ils se faisaient en général brutalement rembarrer, ainsi la femelle du 21e siècle pouvait montrer sa toute-puissance devant les faibles petites pédales que les hommes étaient devenus.

Dans cette période de l’histoire en occident, de nombreux moyens avaient été déployés pour castrer les hommes et leur enlever toute fonction dans la société. Pourtant Dieu avait fait l’homme et la femme pour travailler de concert, en bonne intelligence, pour élever leurs enfants et œuvrer à la bonne marche du monde dans une morale en général respectée. Ce que Dieu avait accompli, les gouvernements occidentaux athées et soi disant progressistes avaient détruits. Peut-on considérer que ca soit un progrès de plonger toute une société dans la stupidité, le chaos et la violence par des lois qui détruisent la morale et les valeurs familiales?

Jusqu’alors les hommes et les femmes avaient pu réaliser le désir de Dieu d’une société fonctionnelle vu que tout le monde restait à sa place. Mais la société avait évolué dangereusement et les rôles des sexes devenaient de plus en plus flous et interchangeables, ce qui entrainait inévitablement une déchéance de la société occidentale dans son ensemble.

Les mères élevaient seules leurs enfants hors d’un cadre familial normal. Devenus sans repères ni autorité paternelle, les enfants devenaient fous, la violence en constante augmentation de ceux-ci était issue d’une faiblesse de l’autorité parentale féminine, faiblesse qui avait été encouragée par les prestations sociales généreuses versées aux femmes célibataires par la Caisse d’Allocations Familiales.

Ces prestations sociales affaiblissaient inéluctablement la solidité des couples qui explosaient alors pour un oui ou pour un non. Les femmes devinrent alors seules maîtresses de leurs enfants ce qui marqua définitivement le début de la fin de l’éducation des enfants. En général, les femmes modernes n’osaient pas mettre une bonne baffe à leurs sales gosses en cas de problème de comportement dans la prime enfance (Les gouvernements occidentaux avaient en plus interdits la bonne baffe bien méritée!). Ce défaut éducatif fit que de fil en aiguille le bébé tout mignon se transformait en enfant gâté-pourri, en adolescent.e inculte, malpoli.e ou voleur.se et en adulte prostitué.e, violeur/se ou meurtrier.ère (pardonnez mon écriture inclusive ridicule et moche, mais c’est à la mode au moment où est écrit ce récit).

Les réseaux sociaux jouaient un rôle essentiel dans la mort de l’homme et du couple, en permettant à tous de multiplier les tentations de partenaires sexuels, ce qui accentuait l’explosion des couples dont l’homme était la plupart du temps le grand perdant. La femme n’ayant que bien peu d’efforts à fournir pour trahir son vœu de fidélité. les femmes avaient donc définitivement pris le pouvoir.

Julie était représentée par la photo une petite coréenne en noir, blanc et rouge, c’était à l’évidence un dessin de propagande communiste d’époque. En cliquant sur la photo, Paul atterrit sur la page de présentation de Julie. Sur celle-ci une bannière montrait effectivement un monument coréen, quelques idéogrammes coréens et le portrait de Kim Il Sung dans un rouge puissant. Paul trouva cette vision amusante, sans doute suis-je tombée sur une communiste tendance Kim des années 2000.

Dans le monde entier (sauf en Chine) les Kim ont été reconnus comme des criminels, le communisme n’avait plus de place dans le paysage politique occidental depuis des lustres. Voir des représentations communistes mises en avant sur le profil d’une jeune femme sur un réseau social à la con, cela mérite une analyse approfondie pensa Paul. Qui était cette fille ? Que voulait-elle dire en montrant toute cette propagande? Manifestement la fille avait de nombreuses qualités, l’habit faisant toujours le moine, il pût comprendre que la donzelle était has-been, aimait la Corée du nord, admirait un modèle économique et une idéologie dangereuse et qui ne fonctionnait pas et que celle-ci était en plus paradoxale vu que le métier qu’elle exerçait, en effet la fille était banquière. Une banquière communiste?

L’idée était totalement saugrenue! Paul se mit à rire. Cette fille avait réussi à amuser notre cher Paul et aussi un peu à le séduire, sans avoir mis aucune de ses vraies photo sur son profil. Si elle aimait la Corée du nord et les cocos, c’est qu’elle était bobo sans doute. Paul détestait les bobos, cette race honnie de barbus, végans et tatoués devait être éradiquée. Ils représentaient le fake ultime, dans cette mode débile on sentait l’embourgeoisement et la suffisance. Les bobos en général bouffaient du quinoa… Comment peut-on bouffer du quinoa sans goût sur une île qui avait sans conteste la culture culinaire la plus variée et délicieuse du monde?

Le quinoa était un aliment sans goût donc et sans intérêt nutritif, elle avait été cultivée pendant des millénaires sur les plateaux andins d’Amérique du Sud. La passion des bobos occidentaux pour cette plante avait fait exploser les prix sur le marché mondial. Alors que le quinoa était consommé traditionnellement par les péruviens pauvres à cause de son prix dérisoire, désormais ceux-ci n’avaient plus les moyens de l’acheter ni la possibilité car tout était désormais réservé à l’exportation. Pendant que les misérables péruviens crevaient la dalle, des connards de bobos tropicaux qui se prenaient pour des parigots pouvaient déguster leur quinoa qui avait fait 20000 km avant d’arriver dans leur bol. Ainsi mal rassasié, le bobo allait ensuite manifester pour favoriser la consommation de denrées agricoles produites localement grâce à une nouvelle appli iPhone et Android de localisation des fermes où ils pourraient acheter des trucs. Ces gens savaient-ils que leur quinoa n’était pas produit en local et qu’ils n’etait même pas bio?

Curieux, Paul cliqua sur le bouton ajouter, le lendemain Julie accepta l’ajout. Paul commença par parler de la Chine et du communisme chinois qui était tombé bassement dans le capitalisme et qui n’avait plus rien de communiste sauf quand ça les arrangeait, ce qui suscita forcément l’intérêt de Julie vu le décorum de son profil. Paul appréciait sincèrement la Chine, il avait déjà été la bas quelques années auparavant et il avait beaucoup aimé leur culture et la compagnie des chinois. La Corée Du Nord, serait un voyage à programmer peut-être, tout ne peux pas être si mauvais qu’on le dit.

Les Réunionnais en général sont marqués par la Chine car les chinois étaient nombreux sur L’île depuis longtemps, ils étaient arrivés en masse tout au long du peuplement de L’île. Ils avaient emmené avec eux, leur religion leur culture et leur cuisine. Les chinois de l’île s’étaient lancés dans l’import de produits chinois et le commerce de proximité, de ce fait, ils ont eu de suite une influence considérable et positive sur la culture locale. Les Chinois s’étaient vite enrichis, ils ont donc naturellement servi de modèle pour le reste de la population qui s’était mis à manger massivement chinois et la culture locale se sinisa petit à petit.

Au bout de 2 semaines à discuter frénétiquement par message, Paul et Julie se rendirent compte que le courant passait très bien, ils avaient de nombreux points communs et décidèrent de se rencontrer. Tous les deux étaient célibataires et n’avaient rien de spécial à faire, alors vu le niveau d’entente cordiale entre-eux, autant se rencontrer. Paul n’attendait rien de spécial de cette rencontre, juste passer un bon moment à discuter avec une femme sympa et siroter un milk-shake… Paul était célibataire depuis quelques mois, il n’était pas encore en manque de sexe, mais il avait envie de rencontrer du neuf. Ses vieux amis étaient sympas, mais entre le travail, les enfants et le reste, ils n’avaient plus vraiment de temps à lui consacrer alors autant parler à d’autres personnes.

Le rendez-vous fut pris et arriva bientôt. Paul et Julie avaient convenu de ne pas s’échanger leur photo afin de garder du mystère pour cette rencontre, cette idée leur paraissait amusante et aussi un peu risquée… Paul n’avait jamais voulu mettre de photo sur son profil. Il savait que ces histoires de photos étaient futiles et il souhaitait protéger sa vie privée. Il pensait: « Les gens sur internet n’ont pas à savoir à quoi je ressemble, ça leur servirait à quoi de toute façon ? Voir mes défauts ? »

Il avait toujours vu ces réseaux sociaux comme une menace et 10 ans après le début de cette mode, il avait entendu parler des dérives et même des crimes issus de tout ça et était maintenant convaincu de son opinion négative au sujet des réseaux sociaux. Julie était arrivée un peu en avance au parc, elle s’était assise dans le petit restaurant snack et avait pris une crêpe au chocolat, elle guettait l’arrivée de Paul en se demandant à quoi celui-ci pourrait bien ressembler. Elle avait mis un chapeau comme prévu. C’était un chapeau mou de couleur blanche, elle portait également une petite robe blanche et des ballerines blanches.

La peau de Julie était plutôt couleur chocolat noir, avec le contraste du blanc de la robe, il ne pouvait pas la louper. Accoutrée ainsi, elle ressemblait un peu à une jeune fille des années 20, elle se sentait un peu comme dans un déguisement. Paul pour sa part aurait une chemise rouge à fleurs un peu comme Magnum. Cette série des années 80 sentait bon le kitsch, la situation allait être sans doute un peu ridicule, ça lancera la discussion pensa Julie… Paul a toujours été un homme d’un romantisme désuet, il arrivait tranquillement à la table où se trouvait Julie, ne laissant rien paraître, son stress augmentait à chaque pas.

Voyant la jeune fille qui se trouvait attablée devant lui, il était un peu déçu, hormis son déguisement amusant, elle paraissait assez banale. Rien à voir avec la dangereuse communiste banquière bobo sexy qu’il s’était imaginé, d’ailleurs le visage de la fille s’était un peu fermé en le voyant. Était-elle déçue ? Julie regardait l’homme qui arrivait devant elle, il avait l’air un peu plus âgé que son âge déclaré et plein d’assurance, ce qui l’intimida un peu, mais bon il n’était pas si mal, peut-être un peu snob ?

Paul arriva avec un large sourire, il tendit sa main à Julie qui lui donna machinalement, il regardait la fille droit dans les yeux et tourna délicatement sa main à l’horizontale en la soulevant un peu. Curieusement, Julie s’imagina comme dans un film en costumes et l’idée lui parcourut l’esprit de faire une révérence. Drôle d’idée pensa t-elle, mais si elle n’avait pas été assise, elle l’aurait volontiers fait. Une petite révérence aurait mis un peu de délicatesse dans ce monde de brutes.

Paul était déjà assis sur la chaise et commença la discussion par des banalités d’usage. Julie était un peu perdue dans ses pensées, elle était comme ça, toujours un peu rêveuse, mais au bout de quelques secondes, elle reprit ses esprits et commença la discussion, celle-ci dura un long moment et était plaisante. Un simple rendez-vous amical sans conséquences.

By Patrice Bima

Juste un amateur de poésie de l'île de la Réunion qui s'est mis à écrire...

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